Le Gua
Eglise Saint-Laurent
A l'instar des autres communes de la Seudre, le sel et la vigne ont constitué pendant des siècles l'activité principale de cette petite commune, avant que l'envasement progressif de la rivière stoppe le travail des paludiers. Plus tard viendront d'autres cultures comme le lin, le chanvre et aujourd'hui le maïs.
Saint-Martin-de-Sanzillac, sur le territoire du Gua, verra naître un grand marin : Jean François Renaudin, lequel accèdera à la notoriété en 1794 comme commandant du vaisseau de 74 canons, le " Vengeur du Peuple", vaisseau lancé en 1767 sous le nom de "Marseillois". Il n'est pas inutile de découvrir l'histoire de ce navire de guerre et la légende issue du troisième combat naval d'Ouessant.
L'histoire du vaisseau de guerre "Le Vengeur du Peuple"
En 1794 le navire sera attaqué au large de l'ile d'Ouessant par l'escadre anglaise et combattra à bout portant le "HMS Brunswick", lui aussi vaisseau de 74 canons, les deux bateaux s'étant accrochés (auparavant, le "Vengeur du Peuple" avait tiré dans la plus grande confusion sur le navire amiral de la flotte française). Deux autres navires anglais parvenant à la hauteur du" Vengeur du Peuple" chercheront à le couler. Un tiers de l'équipage périra. Le navire prenant feu, son commandant, accompagné de son état-major, quittera le bord en premier, abandonnant les blessés et les marins refusant de se rendre. Attitude étrange pour un commandant de navire. Et les 260 marins français recueillis à bord de canots anglais - parmi lesquels six des communes du bord de la Seudre - ne pourront qu'assister au naufrage du "Vengeur du Peuple". Renaudin aurait alors demandé à son hôte britannique à bord du "Culloden" de faire reconnaître sa vaillance au combat et sa reddition forcée, ceci afin d'éviter le conseil de guerre pour abandon de navire.
C'est de là que naîtra la légende d'un équipage français patriote et héroïque refusant de quitter son navire en train de sombrer, criant "Vive la Nation, vive la République" et chantant la Marseillaise ; d'aucune interprèteront cette attitude comme un appel aux autres navires français sur zone, restés indifférents aux cris de ces marins en perdition s'enfonçant dans les flots, leurs armes et leurs drapeaux à la main. Ces marins étaient en effet les blessés abandonnés à bord ou les marins attendant que les bateaux viennent les délivrer plutôt que d'être prisonniers de l'ennemi.
De nombreuses lithographies et peintures commémoreront cet évènement que les anglais appelèrent "Glorious First of June" en référence à la date de ce combat naval. L'évènement fera aussi couler beaucoup d'encre (poèmes, etc...) et versera dans le patriotisme et l'héroisme.
Le "Vengeur du Peuple" coulera donc, entraînant par le fond quelques 500 marins sur ses 723 hommes d'équipage. Jean François Renaudin gagnera, suite à cette affaire, ses étoiles de contre-amiral au mois d'octobre de la même année, sa défaite se transformant en victoire. Quant au commandant du "HMS Brunswick", le Capitaine John Harvey, il décèdera des suites des blessures contractées au cours de ce combat naval.
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L'ex-voto de l'Eglise Saint-Laurent n'est pas celui du "Vengeur du Peuple", mais celui d'un navire de guerre taillé dans une seule pièce de mois et armé d'une batterie factice de 12 canons de sabords symbolisés par de la peinture noire. La maquette date de la première moitié du 19ème siècle et est frappante de vérité par l'exactitude de nombreux détails rapportés par le réalisateur : hublots, échelle de coupée à babord et tribord, écoutilles...
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