Origine et histoire des ex-voto

« Selon le vœu fait »

Telle est la définition des mots « ex-voto », contraction de l’expression latine « ex voto suscepto ».

L’ex-voto, dont l'origine remonte d'avant les Phéniciens, est le symbole de la foi et de la reconnaissance. Bien souvent il est lié à une fortune de mer (bateau perdu dans la tempête ou drossé sur les rochers) ; il peut aussi être lié à une expédition militaire ou lointaine pour la marine de guerre (guerre de Crimée, d’Indochine par exemple), un voyage au long cours pour les bâtiments de commerce. Quand le marin se trouvait en danger face aux éléments déchaînés ou lors d’un théâtre d’opérations de guerre, il se vouait alors à la Vierge Marie, Notre Dame, en général celle de son village natal. C’est pourquoi, il lui offrait à son retour, en guise de remerciement selon le vœu fait, une réplique de bateau, un diorama, une peinture, voire une pièce du navire, du gréement ou tout simplement un cordage ou un bout. C’est ainsi que les chapelles et églises ont hérité d’ex-voto que les marins ou leur famille confectionnaient eux-mêmes ou en passaient commande auprès des artisans quand il s’agissait par exemple de peintures.

Cependant, si l'ex-voto offert selon le voeu fait et l'engagement pris (ex-voto suscepto) est le plus courant, il peut aussi être un don afin de solliciter la grâce ou la protection d'un saint ou d'une sainte : il prend dans ce cas l'appellation d'ex-voto propitiatoire. Il pourra également être remis par simple dévotion (ex-voto gratulatoire) ou sans attendre quoi que ce soit en retour : ce sera alors un ex-voto surérogatoire.

Certains lieux ont été plus particulièrement vénérés par les marins en Bretagne. Jusqu’au 17 ème siècle, Notre-Dame de Larmor à Larmor-Plage était un pèlerinage très fréquenté. Mais les marins bretons se sont confiés peu à peu à partir de 1625 à Sainte-Anne, la grand-mère de Jésus, devenue par la suite la patronne des Bretons, après que sa statue eut été découverte puis qu’une église lui fut bâtie. Et aujourd’hui le nombre d’ex-voto offerts à Sainte-Anne est tel que ces derniers sont abrités dans le Trésor de la Basilique. Mais tous ces ex-voto marins offerts à Ste-Anne ne sont pas forcément liés directement à la mer : certains ont été offerts récemment en guise de guérison ou d’obtention d’un examen.

Pour les Côtes d’Armor, la chapelle des Marins à Erquy était aussi un lieu très prisé des marins et les nombreux ex-voto en attestent, tout particulièrement ceux de l’époque des Terre-Neuvas.

Mais les ex-voto ne sont pas l’apanage du littoral. Si l’on en trouve à l’intérieur des départements bretons : Plaine-Haute pour les Côtes d’Armor, Guern pour le Morbihan par exemple (où la maquette a été offerte par des marins de Riantec), certains départements du centre de la France en possèdent également, comme les villes de Saint-Georges dans le Cher et Saint-Jean-de-Losne en Côte d'Or, ou encore Rocamadour dans le Quercy pour n'en citer que quelques-unes, certaines villes situées bien en amont du littoral ayant connu une activité maritime importante grâce aux cours d'eau qui les traversent.

Les offrandes d’ex-voto marins ont été particulièrement nombreuses entre le 18 ème siècle et le début du 20 ème siècle; elles sont désormais devenues épisodique et liées à des évènements particuliers (1 ère et 2 ème guerres mondiales, tempête de 1930). Et aujourd’hui il n'est pas utopique de penser que la technologie marine tendant à limiter les fortunes de mer et la diminution de la pratique de la foi font que ce type d’offrande devienne rare, si ce n’est dans le cas de guérison ou de vœux autres que ceux d’un naufragé ou d'un marin en détresse.

Enfin de nombreux pays à travers le monde ont leurs propres ex-voto marins que l'on désigne sous les termes de « Church Ship » dans les pays anglo-saxons ou encore « Kirke Skib » au Danemark, pays où l'on en recense un grand nombre.

L'Ex-Voto - Huile sur toile du peintre Ulysse Butin (1880) - Palais des Beaux-Arts de Lille (Nord) - Photo du domaine public