Arzon
Chapelle Notre-Dame du Croisty (Crouesty)
La petite chapelle du Croisty (en breton : maison de la croix), au pied de laquelle vint s’échouer en l’an 565 la barque où gisait le corps de Saint-Gildas mort à Houat mais déposé selon ses dernières volontés dans cette embarcation abandonnée au gré des vents et des courants , surprend par le nombre d’ex-voto qu’elle contient, ceux-ci étant un panel de tableaux, gravures et maquettes ou dioramas.
Si de nos jours les marins honorent toujours la Vierge en la priant de les ramener sains et saufs, auparavant ces derniers avaient pour tradition lorsqu’ils franchissaient Port-Navalo lors d’un appareillage pour un long voyage de faire une prière à Notre-Dame du Croisty et d’affaler trois fois le pavillon du navire.
Il n’est donc pas étonnant de trouver autant d’ex-voto dans cette chapelle.
Parmi ces derniers, deux œuvres sont consacrées à la pêche, outre une magnifique sculpture sur bois de marin-pêcheur :
- une maquette de petit voilier de pêche de la 1 ère moitié du 20ème siècle, le « ND Croisty – Vannes »,
- un diorama du thonier dundee « 559V » portant l’inscription « fait à la Rochelle le 26 mai 1894 Jule - Yvonne » ; cette œuvre a pu être réalisée soit par un marin rochelais soit par un marin d’Arzon naviguant dans ce port.
La marine de commerce est notamment représentée par :
- la goélette "Nénette et Rintintin" armée au cabotage
- le tableau « Julien Gabriel » de Granville,
- le voilier « Eucharis et Paul » de Vannes, cette œuvre étant une peinture sur verre réalisée par un peintre d'Ostende
- le tableau quatre mâts barque « Dunkerque » de l’armement Bordes qui, lors d’un retour de voyage du Chili, sauva 26 membres de l’équipage du voilier-école belge « Comte Smet de Naeyer » en train de couler dans le golfe de Gascogne le 19 avril 1906,
- un diorama trois mâts carré de la marine de commerce – 2 ème moitié 19ème
- un cargo à vapeur français fin 19ème – début 20ème de couleur rouge et noire, à la coque en bois creux. La barre a été confectionnée à partir d’os. Il existe très peu de cargos parmi les maquettes d’ex-voto. Ce cargo s’apparente au Kristel ou au Mont-Ventoux.
Enfin la Marine de Guerre est aussi présente par des tableaux et photos :
- du cuirassé St-Louis (1896-1920) transformé sur sa fin en navire Ecole des Mécaniciens à Lorient. Ce cuirassé connut un abordage au large de Granville avec le sous-marin Vendémiaire ayant émergé devant lui par temps de brume en 1912, entraînant la perte du submersible et de son équipage à l’exception d’un marin resté à terre,
- du cuirassé « le Gaulois », torpillé le 18 mars 1915 par le U-boat R 47 aux Dardanelles, alors qu’il portait secours au cuirassé « Bouvet » ayant sauté sur une mine dérivante ; il parvint malgré tout à s’échouer sur l’ile des Lapins et quelques jours plus tard il naviguait à nouveau (il faut par ailleurs remarquer que le Gaulois avait abordé le Bouvet à la fin janvier 1903),
- d’un cuirassé bateau école ; il s’agit a priori du cuirassé Lorraine, le Bretagne et la Provence ayant été coulés l’un à Mers-el-Kebir par les Anglais , l’autre à Toulon lors du sabordage de la flotte,
- du porte-avions « La Fayette », lequel connut un cyclône d’une grande intensité, faisant de nombreux blessés parmi l’équipage en décembre 1952. Beaucoup de marins se confessèrent auprès de l’aumônier du bord croyant leur dernière arrivée et le pacha convoqua le prêtre à la passerelle, se demandant même s’il ne fallait pas donner une absolution générale, à l’article de la mort !....
Quelques informations sur des oeuvres exposées
L'Eucharis et Paul :
tableau réalisé en 1870 par Carolus Weyts
Ce trois-mâts barque a été construit à Chantenay près de Nantes en 1857 pour le compte du capitaine Piraux, un habitant d'Elven. Le navire sera rattaché au port de Vannes et affecté au cabotage. On peut aisément imaginer qu'il transportait des poteaux de mine vers l'Angleterre, une des principales activités de la cité vénète.
Le tableau est une oeuvre du propre fils du grand peintre Petrus Weyts dont bon nombre de compatriotes flamands firent de la peinture sur verre leur spécialité.
L'Eucharis et Paul est connu, alors qu'il était sous les ordres du Commandant Dugast, pour avoir vécu un séisme sous-marin dans les parages de l'ile de Sumatra le 25 mars 1862 (source d'information : Messieurs les Docteurs géophysiciens Daniel Rouland et Denis Legrand auprès des Archives de l'Académie des Sciences de Paris - les faits sont relatés dans les images ci-dessous).
Nénette et Rintintin
Cette goélette fait partie des derniers voiliers utilisés au cabotage entre les deux guerres mondiales. Le navire "Nénette et Rintintin" était préposé au transport sur les côtes morbihannaises et vers le pays de Galles. Il doit son nom à deux petites poupées porte-bonheur appelées ainsi à la fin du premier conflit mondial et destinées à protéger les populations civiles des tirs ainsi que les poilus dans les tranchées. C'est sans doute pour cela que le capitaine Surzur donna à son bateau cette bien sympathique appellation.
A noter que
le tableau a certainement été conçu par un marin.
Dundee "559 V"
Le thonier possède la forme caractéristique des dundees de l'époque munis d'une voile tape-cul. Il est spécialement conçu pour la pêche au thon dans le golfe de Gascogne. Les premiers bateaux de ce genre seront tout d'abord construits aux Sables d'Olonne avant que l'ensemble des flottilles armant pour cette pêche ne s'en inspire.
Aucun bateau du quartier maritime de Vannes n'a porté l'inscription "559 V". Alors la lettre "V" aurait-elle remplacé celle d'un autre quartier maritime, tel celui de l'Ile d'Yeu, au cours d'une restauration de la maquette ? On peut le supposer mais le quartier maritime de l'ile d'Yeu a été créé bien plus tard, en même temps que celui d'Etel, au cours du 20ème siècle.
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