Tréveneuc
Chapelle Saint-Marc
La chapelle Saint-Marc est située à proximité de la grève. Elle est tout particulièrement dédiée aux marins qui y ont déposé de nombreux ex-voto : maquettes, dioramas, tableaux et peintures.
La maquette de procession porte l'inscription "Mouette - Paimpol". Elle est la réplique d'un cotre (ou yawl) de plaisance.
Le tableau diorama représente un trois-mâts barque de commerce prénommé "Eugénie". Le navire sous voile est escorté d'un remorqueur à vapeur et d'un cotre pilote à voiles sur lesquelles l'on peut discerner une indication et les lettres et chiffres B (et X ?) - P1. Le cotre serait donc du port de Bordeaux. L'ouvrage date de la première moitié du 20ème siècle.
Deux navires de commerce sont exposés sous vitrine.
Le "Saint-Lô" est un navire cap-hornier ayant toutes les apparences de ceux de la compagnie Bordes. L'oeuvre a été réalisée peu après la seconde guerre mondiale par Monsieur Le Cornec. Ce dernier, blessé puis fait prisonnier pendant le conflit, avait fait voeu de confectionner cet ex-voto et de l'offrir à Saint-Marc. Sa vie épargnée et libéré à Saint-Lô, il donna le nom de cette ville au quatre-mâts barque.
Le second, exposé sous forme de diorama, est le cinq-mâts barque "France". Deux navires à propulsion mixte portèrent ce nom :
- le "France I" de l'armement AD Bordes, construit en 1890 et qui connut bien des déboires : éperonnage par un navire allemand en 1897 et abandon en 1901 au cours d'une tempête avant d'être récupéré par un navire allemand,
- le "France 2" de la Société Anonyme des Navires Mixtes - Prentout-Leblond, le plus grand voilier au monde jamais construit d'une longueur de 142 mètres qui, lui, s'échoua sur les récifs de Ouao en Nouvelle-Calédonie par temps calme en 1922 et dont les restes sont encore visibles aujourd'hui.
Parmi les tableaux exposés figurent celui de l'agonie de la frégate Laplace de la Marine Nationale. Ce navire, rentrant de mission météorologique dans le Golfe de Gascogne, se rendait en escale à Saint-Malo. Mouillant pour la nuit devant le Fort-Lalatte, il sauta sur une mine allemande en s'évitant sur son mouillage dans la nuit du 15 au 16 septembre 1950. La catastrophe causera la mort de 51 marins. Le tableau a été réalisé suite à la parution d'un article de presse commémorant le cinquantième anniversaire de la tragédie par M. Maurice André, lieutenant de vaisseau de réserve.
Le deuxième tableau très émouvant et criant de vérité a été méticuleusement restauré par une dame de la localité veillant avec soin sur le patrimoine religieux. Ce petit tableau a été confectionné en 1971 avec les moyens du bord sur un calendrier (on en distingue le relief à travers la peinture) par un marin de Tréveneuc, Monsieur Blouin, pendant ses périodes de repos à bord. Il restitue la vie de ce marin qui a navigué pendant des années sur le navire météorologique "France 2" basé à La Rochelle. Comme la frégate Laplace, ce navire météo était affecté en surveillance et relevés dans le golfe de Gascogne et il intervenait également au profit de navires de pêche ou autres sollicitant son concours. Selon certaines indications figurant au dos de l'oeuvre, le tableau aurait été exposé avec M. Naud en gare de la Rochelle vers 1971-1972. Monsieur Blouin a reproduit à sa façon le navire sur lequel il était embarqué. La République Française possédait deux navires de ce type, tous deux identiques, le "France I", désormais inscrit au patrimoine maritime et amarré à quai à La Rochelle, et le "France II, qui fut vendu aux Etats-Unis sous le nom de "Legacy" après avoir été retiré du service vers 1985.
La commune de Tréveneuc a été touchée dans son intégralité au cours des campagnes de pêche sur les bancs de Terre-Neuve et de l'Islande. Des plaques ex-voto rappellent le souvenir de ces marins qui, comme l'indique l'épitaphe : "Ils sont passés sur l'autre rive", ont quitté le monde des vivants et de ceux qui vivent sur la mer. A ces marins pêcheurs s'ajoutent les marins disparus ou morts en service pendant la guerre 1914-1918. La lecture de ces noms nous apprendra que certains des mousses embarqués sur les terre-neuvas avaient tout juste 14 ans !
Une statue de Notre-Dame veille toujours sur les marins. Elle porte l'inscription "Notre-Dame de Bon Voyage, Priez pour nos Marins". Des ancres de marine sont aussi déposées dans la chapelle tandis qu'une sculpture en bois représente un phare, lueur et lumière d'espoir pour les marins.
Ainsi, grâce à la municipalité, à l'association des amis de la chapelle et aux bénévoles, le souvenir des marins perdure-t-il dans la chapelle Saint-Marc. Un souvenir que nous nous devons transmettre aux générations futures.
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