Les Photos des Ex-Voto Marins de l'Aude (Gruissan - Font-Romeu)
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Gruissan
Chapelle Notre-Dame des Auzils |
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Eglise Notre-Dame de l'Assomption |
Chapelle Notre-Dame des Auzils
La chapelle de Notre-Dame des Auzils, appelée aussi Notre-Dame du Bon Secours en référence à son nom latin, est située dans le massif de la Clape. L'on y accède au travers de l'allée des Marins, un chemin de pierres parsemé de cénotaphes, monuments érigés depuis le 19ème siècle à la mémoire des marins disparus en mer ou à bord de leurs navires. Un prieuré fut d'abord érigé à cet endroit au 11ème siècle puis transformé en chapelle en 1635.
La chapelle et le chemin qui y conduisent sont des lieux de recueillement pour les Gruissanais, lesquels dédient à Notre-Dame des Auzils deux pèlerinages annuels : le premier le lundi de la Pentecôte en commémoration de la fin de l'épidémie de choléra de 1835 et le second, depuis 1797, le lundi de Pâques, en hommage aux trente-deux victimes gruissanaises de la terrible tempête du 28 février 1797. Un monument rend d'ailleurs hommage aux victimes de cette catastrophe. Il existait aussi en août un pèlerinage destiné aux vendanges mais aujourd'hui ce dernier n'a plus cours.
Avant d'appareiller pour un voyage lointain, les marins et leur famille venaient se confier à la Vierge, à qui ils offraient au retour de leurs périples des ex-voto sous forme de tableaux et maquettes, bannières, statuettes de la Vierge et modèles de proues de navires, la remerciant ainsi pour les avoir épargnés lors de "fortunes de mers".
La chapelle et son patrimoine ont été la proie de voleurs qui, en juillet 1967, dérobèrent l'ensemble de la cinquantaine d'oeuvres offertes (seule un oeuvre retrouvé a été remisà sa place). A présent, des peintures en trompe-l'oeil, reproduites sur les murs grâce à de vieilles photographies, se substituent à ce patrimoine originel sans doute à jamais disparu. Une oeuvre volée avait été aperçue chez un brocanteur mais elle n'a jamais pu être retrouvée.
Parmi les reproductions d'ex-voto, l'on retrouve aussi bien des tableaux que des dioramas, des figures de proue, des navires à voiles, caravelles, galions, chébecs et autres, des navires de pêche (côtres) et de commerce, ou encore de guerre comme les frégates à voiles dont le support de l'une est matérialisé par des dauphins, le porte-avions français "Foch" avec ses avions de chasse "Etendard IV" et ses canons de 100 mm, le HMS "Hood" et le cuirassé "Bismarck", ces deux derniers navires disparus lors du combat naval qui les opposa à la fin mai 1941 au large de la Norvège. Un croiseur français, le "Chevalier Paul" porte l'immatriculation "X 42" qui était la sienne au cours de la deuxième guerre mondiale.
A découvrir également le remorqueur "P.1001" basé à Port-Vendres et la vedette SNSM de 1ère classe n° 119, "ND des Auzils II". Et aussi une caravelle, un voilier de type thonier, le deux-mâts "La Julie" basée à Port-Vendres, une jonque et encore bien d'autres oeuvres.
Un modèle attire l'attention par ses superstructures : celles du "Jean-François", trois-mâts à vapeur, ressemblent à un château, nom que l'on donne couramment aux passerelles des navires actuels. Simple coïncidence ou souhait du créateur d'associer le mot et la forme ?... Car le mot "château" est plutôt récent pour un navire ; les mots "gaillard" et "dunette" étaient utilisés auparavant.
Ainsi, dans cet écrin magnifique, montagneux et boisé du pays cathare surplombant les eaux de la Méditerranée , les ex-voto de la chapelle et les cénothaphes de l'allée des marins inspirent-ils dans le plus grand silence des moments empreints d'émotion et de souvenirs envers ces marins qui, pour certains ont pu échapper aux éléments déchaînés et qui, pour d'autres, ont été vaincus par les flots, comme le rappellent ces cénotaphes, tombeaux vides de corps, ou encore cette stèle à la mémoire des équipages reposant en mer Méditerranée à bord des sous-marins "Sibylle", "Minerve" et "Eurydice" disparus entre 1952 et 1970.
La chapelle de Notre-Dame des Auzils et son allée des Marins sont à tout jamais ancrées dans le coeur des Gruissanais, constituant un patrimoine exceptionnel appelant au devoir de mémoire. |